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Les champs magnétiques colorés

 

L’espace, un univers intime. Celui dans lequel je suis et où je me projette.

L’atelier, un autre espace-temps au sein d’un cercle dans lequel j’ai fui les angles, ces coins imposés par l’éducation familiale, par l’éducation scolaire, par la société.

Imaginer une autre dimension pour vivre dans un jardin entre les nuages. Etre face à cette féérie. Penser la peinture permet cette fusion entre l’accessible et ce qui ne l’est pas. L’inaccessible étant l’arc-en-ciel, ce demi cercle de mon âme et ses couleurs lointaines dont mes yeux ne se lassent pas. Ce chef-d’œuvre éphémère que j’aimerais mettre dans ma poche. Le ciel, du latin caelum, vient de celare et indique à la fois ce qui est caché et ce qui cache.

Or le ciel et ses constellations ouvrent en moi le visible mais ma peinture ne s’accorde pas à l’occupation intensive des surfaces car cela l’étouffe. Elle est composée de la géométrie des trajectoires. « L’espace n’est plus donné, il est à construire » a dit Einstein. Pour construire et pour peindre cet espace, je pose un point sur un disque. Ce dernier est une surface en acier pouvant avoir différents diamètres ainsi que le point, qui est un aimant. L’aimant étant aimé par la peinture, est un oxyde de fer attirant naturellement le fer en produisant un champ magnétique extérieur. De cette attraction puissante s’établit ma composition issue de ses constituantes : les champs magnétiques colorés. Ces corps magnétiques captant la couleur tels des capteurs solaires. Ainsi je peins l’attraction terrestre par l’attraction de l’aimant sur l’acier, la couleur ayant sa propre gravitation. Mes peintures sont pensées à la virgule près. Chacune est millimétrée et contient ses lignes de correspondance telle la musique dont l’harmonie, faite de contrepoints, permet l’enchaînement des accords. Là j’entends et j’écoute ce que je vois comme le son lointain de la sphère céleste, appelée voie lactée, cette forme blanche dont le trou noir Sagittarius A* danse en son centre. Donc je danse ! Je danse, tournant sur moi-même, pour trouver le ciel et j’applaudis des deux yeux.

 

 

 

Jean-Marie Stroobants

Novembre 2023

 

 

 

 

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